Je veux une aventure
Après la rupture, le besoin d’aventure. Une
rencontre fortuite, qui allait peut être atténuer la
douleur. Un simple béguin. Nous passons une
nuit ensemble. Je ferme les yeux, car c’est de
toi dont j’ai envie. Le lendemain, honteuse de
cette liaison. Un dégoût. Simultanément, j’ai
éprouvé une sorte de satisfaction: j’étais désirée
par d’autres. Un autre, mais les autres ne sont
pas toi. Il est trop tôt. Ma quête d’aventure se
poursuit à Amsterdam. Ici, je découvre un autre
monde. Ce qui est tabou ou prohibé chez nous,
semble autorisé. Des femmes s’exhibent dans
des vitrines, comme des morceaux de viande.
Ici, le désir scopique domine le simple plaisir de
regarder. En revanche, prendre une photo pose
problème. Il est INTERDIT de prendre ces corps
à vendre en photo. On peut les prendre d’une
autre façon, mais pas en photo. Je suis frappée
par cette vision nocturne. Il me faut la posséder.
J’ai peur de ne pas avoir d’images. J’achète
une carte postale, la seule que j’ai pu trouver
des vitrines. Cette seule trace m’est insuffisante.
À défaut, Il me faut mon image. L’appareil photo
devient prédateur, je suis une voleuse d’images.
Je souhaite garder une trace de ma déambulation. Je veux saisir l’insaisissable, je veux une
aventure. Celle du fantasme derrière les rideaux
tirés du Red Light District. Ici, demain n’existe
pas, la nuit prévaut.
2017.